La convalescence est longue dans mon bungalow 'Hilton' niçois, grâce au ciel des amis de tous les horizons viennent me voir régulièrement.
Hier encore, mon ami Sauveur M'Babane me racontait "la vie t'épidante qu'il menait ent'e la naissance de sa société d'impo't/expo't,con*, et celle de ses jumeaux, Martial et Bonnaventure, f'aîchement a''ivés de leu' vent'e mate'nel natal", puis m'expliqua ensuite que dans son pays on aimait et on craignait beaucoup les fées qui accompagnent non seulement hommes et femmes tout au long de leur vie mais qui habitent aussi des lieux ou des objets aux côtés des esprits.
Devant ma perplexité et mon ignorance totale du sujet, il entreprit donc d'éclairer ma lanterne :
"Quelques semaines avant la naissance, con, la famille de la mè'e vient donner ses veux pou' que l'accouchement à veni' se passe dans la liesse et que le futu' enfant ait de l'appétit, en lui souhaitant un 'Gonzague**, six dents'.
Puis, juste ap'ès l'heu'eux événement, la famille toute entiè'e va attend'e la venue des fées et p'épa'er du thé pou' chacune d'elles.
Malheu'eusement, con, sans échog'aphie, on n'avait pu p'édi'e la''ivée de deux ga'çons d'un coup et une équipe beaucoup plus nomb'euse de fées (les fées fonctionnent aux 35 heu'es !) se pointa.
Elles étaient dix pour seulement huit tasses et la fée n'est pas p'éteuse c'est là son moind'e défaut.
T'op de fées, con... dix thés !
Fachées, celles qui devaient appo'ter l'auguste eau, la pigne et le hochet remportè'ent leu's p'ésents.
Les aut'es maudi'ent mes enfants pou' qua'ante ans, con, et ma belle-mè'e pa'tit d'un 'i'e dément en c'iant à sa fille qu'ap'ès avoi' 'até son ma'iage elle m'avait quand même laissé le champs lib'e pou' saboter la naissances de sa p'ogéniture."
Sauveur était déçu et je me suis endormi,
Marcel.
*Sauveur a vécu longtemps à Marseille et son langage en garde une teinte fleurie baignée dans l'huile d'olive.
**esprit de la cuisine, de la quiche lorraine et du foyer, protégeant les enfants, les cuistots et la maison.