"Perdu au fin fond du cosmos, Ernesto, gentleman farmer spécialisé dans l'artichaut, se réveille en transe.
"Son maillot de corps trempé de sueur, colle à sa peau moite et épouse parfaitement son poitrail velu et halé.
"Où est passée Wilma ?
"Il l'a bien entendue se lever, mais quand ? Est-ce que ça fait longtemps ?
"Ca y est lentement il sent que peu à peu la douleur qui étreignait sa tête s'estompe et qu'il pourra bientôt, sans hurler, ouvrir les yeux.
"Les paupières mettent comme un temps avant de répondre à l'appel de sa conscience qui dicte un lent mouvement de moins en moins pénible.
"Une image très floue apparaît.
"Un épais brouillard noye les formes et les ombres, rien n'est distinctement perceptible.
"Le bruit léger, mais continu, qui bourdonnait dans ses oreilles s'éclaircit...
"Il arrive maintenant à identifier une voix d'homme, calme, douce et apaisante.
"Un parfum un peu viril, aux pointes de musc et de cardamone, lui caresse les narines ; une large main remet en place sur sa tête le grand chapeau de cow-boy qu'il a toujours été fier d'arborer...
"Mais où est il ? Que fait il ici ?...
"Les paroles sont maintenant intelligibles :
""-Tu te réveilles enfin... Tu as beaucoup dormi, tu sais...
...
... Je crois que ça fait toujours ça le GHB... ...Moi, on ne m'en a servi que deux fois... ... Ne fais pasd'efforts, repose toi..."
"L'impression de ne pas comprendre tout ce qui est dit, et qui est là avec lui, persiste..."
Rufus Strongheim arrêta, ici, sa lecture.
"
- Voilà docteur, je ne comprends toujours pas ce qu'il m'arrive... J'ai une femme que j'aime et qui m'aime depuis 28 ans, elle m'a donné sept beaux enfants, tous droits et les pieds bien enfoncés dans leurs bottes ! C'est pour ça que je suis venu ! Vous vous rendez compte, depuis plus de trois mois je ne peux m'empêcher de consacrer une grande partie de mes journées à écrire des scénarios de films porno gays ! Moi, un honnête quincailler de Clermont-Ferrand !
- Allons, allons, monsieur Strongheim, reprenez vous...
- Et celui-là, commencé ce matin, c'est déjà le treizième... Je me cache dans le grenier, pour assouvir mon vice et je n'arrive qu'au bout de quelques heures à me détacher de la machine à écrire de mon vieil oncle Antoine... Haaa ! S'il me voyait, l'oncle Antoine...
- Ne dramatisez pas tout, voyons... Je vous ai connu plus gaillard monsieur Strongheim, restez-le !
Et d'abord qu'est-ce qui vous inquiète ? Vous vous sentez attiré par les bouchers pervers au regard pétillant de malice ?
- Euh... non...
- Vous avez l'impression de toujours vouloir déshabiller des yeux les jeunes militaires du plan vigie pirate, qui patrouillent sans cesse aux abords des gares les plus sombres?
- Votre père vous aurait-til un jour ordonné de lécher un baton couvert du sang et de la pisse de votre mère qu'il aurait avant battue avec ?
- Noon !!? Qu'est-ce...
- Avez vous eu envie ne serait-ce qu'un jour de vous couvrir de cuir et de devenir biker ?
- Ben... non... Je ne crois pas...
- Comment ça vous ne croyez pas ! Vous en avez déjà eu un peu envie ou pas ??
- Euh non... non !!
- Voilàaa ! Et bien vous m'avez l'air parfaitement normal ! Pour confirmer mon hypothèse je vous conseille, amicalement de consulter la psychiatre du cabinet, Carolina Troubouillant, qui sera peut-être plus à même de répondre aux questions que vous vous posez... Tenez voici sa carte... son bureau est dans le même couloir, mais au fond de l'aile gauche. Arrangez-vous avec Josiane pour prendre rendez-vous, parce que je pense que le docteur Troubouillant est en ce moment même en réunion avec mon confrêre, le docteur Pangloss.
- Merci Docteur... Vous êtes sûr, hein ?
- Mais oui, tout va bien, rassurez-vous ! Le docteur Troubouillant saura très bien s'occuper de vous."
Rufus Strongheim se permit presque de sourire, et, consolé par mes paroles apaisantes, quitta mon bureau d'une pas lent mais qui retrouvait progressivement de son élasticité. J'étais enfin délivré des patients de la matinée !
Après m'être fait monté par Josiane une belle assiette de veau à la crême avec ses oignons et ses champignons, je décidai tout en mangeant de ne pas attendre le café pour me mettre à plancher sur une surprise : avancer la date de la PPP (Pangloss Petiot Party) à celle du retour de Gérard afin d'immerger celui-ci dans le stupre et le lucre de la plus grande partie du mois d'aout au moment même de son arrivée de Toscane.
Et, buvant d'une main l'excellent café directement importé du Brésil, car mis éternellement à notre disposition par Lula depuis l'opération réussie de prothèses des deux coudes faites à son fils après son odieuse expérience avec les Indiens Tchohé de la haute Amazonie*, et tenant de l'autre le combiné du téléphone, je me mis à prendre contact avec tous les couples échangistes du gratin Parisien.
Ma joie, du petit enfant fabriquant un beau coffret à bijoux en boîte de camembert pour sa maman pour son anniversaire, fût hélas de courte durée : la date, ainsi prévue, avait déjà été arrêté par le collectif des gobeurs de choucroûte afin d'organiser l'étape française des championnats du monde de la discipline à Paris même, dans l'opéra Bastille et notables, politiciens, artistes, star télévisée et habitués de la jet-set s'y étaient déjà donné rendez-vous.
Ecoeuré et déçu, je me mis à pleurer dans mon café.
Quelques minutes plus tard, sortant de mon dégoût du hasard perfide qui unissait la date de deux évenements majeurs empêchant toute chaleureuse surprise party en l'honneur de celui qui m'avait remplacé pendant les chaleurs de l'été, je décidai de décommander tous les patients de l'après-midi pour aller compter les bénéfices bruts du cabinet dans la remise des jardiniers de la clinique.
Sentant la joie revenir aux doux froissement des billets, je me pris à danser et avoir des envies de sculptures en betteraves.
J'espère bientôt redécorer le hall avec une superbe statue de Louis de Funés du bordeaux le plus profond - je compte d'ailleurs lui faire des yeux avec des câpres.
En vous tenant au courant de mes velleités artistiques,
votre animiste préféré,
Docteur Petiot.
*Aventure dont le récit paraitra très prochainement dans le bulletin officiel du cabinet, dès que le FBI aura levé le secret d'état pesant sur le dossier.
Commentaires
ce post est d'une tension érotique insuportable... a moins que cela soit mon slip qui soit trop petit?
Non, ce n'est pas ton slip. Ces dernières lignes sont en effet d'un érotisme boulversant. Insoutenable.
Je n'avais pas pensé aux conséquences d'un érostisme poussé à l'extrême ?... J'espère que le CSA ne nous obligera pas à apposer un médaillon 'interdit au mons de 16 ans'.